- Répéter mais pas trop !
- Fixer l’œuvre une bonne fois pour toute
- Comment allez-vous enregistrer ?
- Choisir un ingénieur du son
- Enregistrement hors studio
- Maîtriser le temps
- Apprenez à vous connaître
- Enregistrer en groupe
- Réparer votre instrument
- Adapter votre jeu
Le réflexe de pratiquer beaucoup son instrument quelques jours avant d’enregistrer est compréhensible mais n’est souhaitable physiquement et mentalement que dans des quantités raisonnables. Lorsque arrivera la séance d’enregistrement, vous devrez maîtriser votre morceau suffisamment pour ne pas avoir besoin de répéter de façon excessive. Avant une compétition sportive, un athlète s’entraîne normalement, voire un peu moins, car les muscles ont besoin de temps de relâchement pour se renforcer et une sollicitation extrême les affaiblit. Laissez votre corps se détendre en allant marcher et respirer dehors, cela vous garantira un meilleur état physique, tout en vous libérant l’esprit.
Enregistrer, c’est accepter de figer un morceau à un moment donné. Vous avez passé des semaines, des mois entiers, à arranger ou à composer l’œuvre et vous souhaitez réaliser le meilleur enregistrement possible. L’interprétation n’étant pas une science exacte, il est important de vous poser la question de la manière dont vous allez fixer cette œuvre. Cette question est assez déroutante dès lors que plusieurs possibilités tout aussi intéressantes les unes que les autres s’offrent à vous. Je ne crois pas avoir jamais joué un morceau de la même façon deux fois d’un concert à l’autre. Puisqu’il n’y a qu’en réduisant le nombre de possibilités que vous pourrez avancer, il vous faut arrêter ce choix bien avant d’enregistrer. Une simple hésitation, une légère imprécision s’entend en concert comme à l’enregistrement.
Si cela dépend du budget, cela dépend aussi du type d’enregistrement que vous souhaitez réaliser. Peut-être qu’il n’est pas utile de prévoir les grands moyens pour une simple démo alors que l’enregistrement d’un CD pour le commerce demande une bonne qualité d’enregistrement, synonyme d’un bon équipement. Enregistrer avec un ingénieur du son dans son studio vous fera gagner beaucoup de temps puisqu’il ou elle se chargera de toute la partie technique et que vous n’aurez donc plus à vous concentrer que sur la musique.
Si vous avez l’équipement nécessaire et un peu d’expérience, vous pourrez certainement enregistrer seul. Dans ce cas, faites écouter vos enregistrements régulièrement à d’autres car, après plusieurs heures de travail, vos oreilles ne prêteront plus autant attention à tous les détails sonores et musicaux.
Une bonne relation musicien – ingénieur du son est primordiale. Chacun doit apprendre à connaître l’autre, comprendre son langage, sa façon de procéder. Pensez que vous allez passer des heures en sa compagnie, qu’il est important d’avoir des centres d’intérêts communs et qu’il est donc préférable de choisir une personne que vous appréciez autant humainement que professionnellement. Il arrive que ce ne soit pas vous qui choisissiez l’ingénieur du son, notamment lorsque vous êtes invité(e) à jouer sur une production d’autres musiciens et qu’il vous faudra donc faire avec des esthétiques et des goûts différents des vôtres. Commencez par enregistrer quelques prises rapidement et commentez-les ensemble. Cela vous permettra de comprendre comment travaille l’ingénieur du son, son langage et sa façon de procéder. Vous arriverez certainement ainsi plus facilement à un compromis acceptable par tous.
Travailler avec un ingénieur du son, c’est lui confier une part importante du résultat. Vous devez donc avoir pleinement confiance en son travail. Vous êtes passionné(e) par votre musique comme il l’est par l’enregistrement. N’hésitez donc pas à lui poser des questions sur le matériel qu’il va utiliser, en particulier, les microphones, comment ils seront positionnés autour de votre instrument, etc. Tout cela devrait être abordé bien en amont de l’enregistrement et testé dès le premier jour. Il est plus agréable pour l’ingénieur du son de préparer ses réglages en fonction de ce qui va arriver plutôt que d’avoir à les corriger après coup. Vous devriez aussi évoquer ensemble d’éventuels réglages comme la compression, les EQ, les effets employés… y a-t-il des événements sonores autres qu’instrumentaux à prévoir ?
Un bon ingénieur du son vous posera également des questions sur votre musique, sur votre instrument. Laissez-les venir. Si beaucoup travaillent uniquement d’oreille, certains vous demanderont parfois les partitions des morceaux que vous allez enregistrer car elles peuvent leur être utiles dans l’affinement des réglages du matériel prenant pour référence des rythmes ou certaines hauteurs de notes.
Dans le cas d’enregistrement en live, il est recommandé d’enregistrer plusieurs concerts pour avoir un choix de prises. Plus vivant qu’un enregistrement en studio, l’enregistrement en live demande de prendre soin particulièrement de l’acoustique de la salle, ainsi que des bruits de fond liés à la présence du public.
L’acoustique d’une église ou autre lieu à forte résonance apporte une signature sonore intéressante dans l’enregistrement d’un morceau. Cependant, une telle acoustique ne se prête pas forcément à tous les instruments et il vous faudra surveiller le temps de réverbération en fonction des volumes sonores et des tempi. Pensez qu’il fait généralement froid dans de tels lieux et que vous ne pourrez donc enregistrer aussi longtemps que vous le souhaitez sans avoir à bouger pour vous réchauffer.
Si vous avez la chance d’habiter un endroit calme, avec une bonne acoustique, l’option d’enregistrer à domicile est envisageable. Vous éviterez ainsi le trajet pour rejoindre un studio en plus d’un gain de confort non négligeable, puisque vous êtes chez vous.
Une bonne maîtrise du temps est essentielle lors de séances d’enregistrement. Une matinée entière n’est pas de trop pour tout installer. Cela sous-entend que vous avez auparavant décidé comment vous allez procéder : du placement des micros au planning des morceaux à enregistrer, jour après par jour, en pensant aux nombreuses pauses, à la nourriture, à la bouteille d’eau indispensable, etc. Si vous travaillez seul et avec votre équipement, le risque de voir les jours se succéder sans jamais finir le travail est grand et vous avez tout intérêt à respecter strictement le planning que vous aurez préalablement défini.
Une bonne façon d’appréhender le temps est d’opter pour un ordre des morceaux à enregistrer, du plus simple au plus complexe. Si vous ne pouvez finir d’enregistrer le premier morceau, le plus simple, dans le temps que vous vous étiez imparti, vous pouvez être certain de ne pouvoir finir l’album entier dans les temps. Pour garder un son homogène d’un morceau à l’autre, il est important de ne pas changer la place des micros une fois positionnés et de conserver les réglages du matériel tout au long des séances. Si vous devez interrompre votre enregistrement, en studio, faute de temps, pensez que d’autres musiciens vont venir après vous et que l’ingénieur du son devra non seulement changer la configuration du lieu mais aussi modifier les réglages de son matériel.
Puisque vous ne pouvez savoir comment vous allez réagir en séance, en particulier si c’est votre premier enregistrement, testez votre comportement en réalisant quelques prises rapides, chez vous, par exemple. Vous n’avez pas besoin de matériel sophistiqué pour cela car le résultat est plus dans votre capacité à jouer tout en sachant que vous êtes enregistré(e) que dans l’enregistrement lui-même. Un simple microphone relié à un ordinateur, un téléphone mobile avec la fonction « enregistrer » fera très bien l’affaire.
Si vous êtes plutôt du genre matinal et que vous êtes prêt(e) à jouer dès l’aurore, mieux vaut commencer à enregistrer tôt. Pas trop tôt non plus, ce n’est pas la peine de jouer avec les doigts froids. D’une part, vous allez forcer physiquement et, d’autre part, le son produit par la peau tendue et sèche du matin développe des harmoniques aiguës pas très agréables, en particulier lorsque l’on joue sur cordes nylon ou Alliance. Que vous soyez du matin ou lève tard, il est nécessaire de prévoir un temps d’échauffement conséquent avant la séance d’enregistrement.
L’idée du groupe enregistrant tous ensemble continue de faire son chemin mais il n’y a rien de moins vrai en studio. Cette façon de procéder est peu pratique pour la raison qu’une simple erreur d’un des musiciens est souvent irrattrapable en phase d’édition et vous oblige donc à tout reprendre. Dans la plupart des cas, vous enregistrerez séparément et au click. Cela demande une certaine habitude et il est utile de s’y préparer en travaillant au casque.
La veille de l’enregistrement, il est trop tard pour changer vos cordes. Pour les basses, il faudra y penser au minimum une semaine avant et changer tout le jeu en même temps pour conserver une sonorité homogène d’une corde à l’autre. Si vous devez changer des cordes boyaux, de métal, de nylon ou Alliances, prévoir le temps nécessaire pour qu’elles puissent se stabiliser à la hauteur voulue. Prenez soin de tous les petits buzz et autres parasites qui ne vous sautent pas aux oreilles en temps normal mais que les microphones ne laisseront pas passer. Un petit tour chez votre luthier quelques jours avant n’est peut-être pas inutile.
L’enregistrement en studio et la performance en concert n’ont absolument rien à voir ensemble. L’énergie que vous donnez en concert devant un public éloigné de plusieurs dizaines de mètres n’a pas lieu d’être pour des microphones placés à seulement quelques mètres de vous. Pour ne pas détériorer le son, adaptez votre jeu en jouant de façon beaucoup plus légère à l’enregistrement, vous conserverez ainsi la couleur naturelle de votre instrument.
Cette liste est loin d’être exhaustive mais cela vous donne quelques clés d’une bonne préparation avant enregistrement.