Avant de présenter des méthodes d’enseignement, nous définirons ces enjeux en revenant brièvement sur le passé tumultueux de l’instrument et de son renouveau au 20ème siècle. Alors que s’établit clairement la pratique d’une musique traditionnelle à la harpe, il paraît étonnant que l’enseignement mis en place, à cette époque, ait pris appui sur celui de la harpe classique, c’est-à-dire basé essentiellement sur la partition. De cette contradiction allait aboutir, à la fin de ce siècle, l’émergence logique d’une méthode d’enseignement « par oral » plus adaptée pour l’instrument, dans un contexte de musique traditionnelle.
Si, à cette époque, il était encore possible de passer outre cette logique d’enseignement ; après une période d’essai pendant laquelle elle a été vivement mise à l’épreuve au sein même des institutions, la méthode dite « par oral » est aujourd’hui une norme dont il est difficile d’ignorer les résultats comme d’en faire l’impasse.
Puisque ce choix incombe aux enseignants, nous nous arrêterons sur les notions qu’ils estiment essentielles dans l’apprentissage de l’instrument. Une musique sans oreille – qu’elle soit physique ou interne – étant peu concevable, pourquoi, dès lors, opposer un enseignement musical « par oral » à un autre qui serait « par écrit » ? Nous aborderons également les notions de « mémoire », de « geste musical », d’« arrangement » de la musique appliquées à la harpe celtique. Ce mémoire présente quelques pistes dans l’élaboration d’une pédagogie adaptée aux enjeux techniques et didactiques modernes de l’instrument.