Un roi avait épousé une reine avec, pour seule condition, que jamais il ne devrait lui demander ni son nom, ni d’où elle venait. Il avait accepté et ils vécurent heureux de nombreuses années. Chaque semaine, la reine disparaissait de longues heures et nul ne savait quand elle allait rentrer. Les rumeurs allaient bon train. Un jour, harcelé par le doute, le roi finit par se décider à la suivre discrètement.
Elle le mena loin, très loin, jusqu’aux rivages de son royaume. Là, il la vit se transformer : mi-femme, mi-poisson. Alors, avant qu'elle ne plonge dans l’eau, il sort de sa cachette : - « Mais, qui es-tu et d’où viens-tu ? », lui demande t-il. Surprise, le regard triste, elle lui répond : - « Je suis une des sept filles de la mer et mon peuple vit au large de tes côtes. Jamais, tu n’aurais dû savoir cela car, à présent, je ne pourrai revenir. Dorénavant, personne n'aura plus confiance en toi. D’ici peu, la tristesse te rongera et tu mourras de désespoir ». Elle avait à peine prononcé ces paroles, qu'elle disparut au gré d’une vague.
Ce soir-là, dès qu'il fut rentré au château, le roi s'enferma dans sa chambre. Il ne voulait parler à personne et passait son temps à se lamenter. Il décéda quelque temps plus tard de remords et de solitude. Quant à elle, des marins disent l’avoir aperçue au large de la Bretagne, chantant sa complainte d’une voix douce et attendrie. On dit aussi que, dans une autre vie, sous une autre forme, ils se retrouveront et qu’ils se reconnaîtront grâce au chant que l'on appelle désormais Le Songe d'Orianne.
(Tristan Le Govic, texte et musique)
Sur sa chaîne Youtube, Anne-Marie Castagner propose une très belle interprétation filmée de ce morceau :
Le Songe d'Orianne est disponible en CD et en partitions.
- En Breton, la formule initiale d'un conte "il était une fois" se traduit littéralement par "il y avait une fois, il y aura une fois, une fois il n'y avait pas".