Près de 51 minutes, avant tout, de rythmes à danser, mais, aussi, de très attrayante musique à écouter, avec, majoritairement des compositions de Tristan LE GOVIC et des traditionnels arrangés ou non par le musicien fondateur de cette formation.
Deux suites Ar Jao Du et Heuliad Plin, chapeautent 6 titres.
En face interne de sa jaquette, au design épuré signé de Johann GUILLON, Dañs est, en quelque sorte sous-titré Danses d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et là-bas, ce qui précise, d’entrée, les intentions artistiques et l’orientation de certains styles musicaux abordés.
A la harpe celtique, électroharpe : Tristan LE GOVIC !... à la contrebasse, basse électrique : Tangi LE HÉNANFF, à la batterie : Alan QUERE-MOYSAN, les trois artistes se rejoignant, au chant, lors de la plage 5 du programme.
Une flûte vient s’ajouter à la distribution pour l’interprétation, en piste 10, de Inte sörjer jag, celle de Markus TULLBERG.
Dés que la galette gravée, fébrilement insérée dans le lecteur de notre chaîne HI-FI délivre ses premières notes, nous comprenons, immédiatement, qu’il va se passer quelque chose de très intéressant lors de la découverte de cet album.
Il se dégage, illico, une couleur, une ambiance et quel rythme !
En effet, une basse électrique, bien ronde, comme nous l’aimons, martèle avec persistance et puissance l’orée du premier titre Harpo, lancinante rythmique, peu à peu, soulignée par des effets de cymbales, nous entraînant irrémédiablement dans la transe en nous faisant percevoir les deux axes principaux de l’écriture : le temps et l’espace…
Puis les magnifiques notes d’éléctroharpe et ses quelques effets, viennent terminer la signature sonore du Trio. Les présentations sont faites.
Ce morceau se révèle être une brillante introduction à ce disque !
Puis, le deuxième titre, Ar Jao Du - Rond 1 fait entendre un son plus acoustique, avec la harpe celtique et la contrebasse évoluant sur un jeu de batterie, moins appuyé. C’est, déjà, plus jazzy, plus swing, prémices d’autres futures découvertes.
Au cours de ces 12 plages, nous évoluerons bien entre tradition et modernité, acoustique et électrique, le tout, dans un contexte extrêmement dansant, tellement maîtrisé par le Tristan LE GOVIC Trio qu’il a été élu, par le public, en avril 2018, Révélation Groupe de Fest-Noz, à Melrand (Morbihan), où il a reçu, au cours de sa 5ème édition, le prix Nevez Flamm.
Cette reconnaissance, valide la participation de la formation à Yaouank, Kan ar Bobl et Presqu’île Breizh.
Au cours de cet excellent, varié, mais homogène programme, des couleurs rock viendront se mêler à l’An Dro breton, le jazz s’échevèlera jusqu’à la musique prospective contemporaine. Nous avons même découvert des notes, à peine cachées, de blues, notamment, dans la deuxième partie de Inte sörjer jag, en position 10 de la liste des titres. Il est vrai que la mélancolique flûte de Markus TULLBERG accentue l’impression.
Vous découvrirez ce style, plus évident, encore, au cœur de l’ultime plage.
Parmi les titres proposés qui nous ont, tous, séduit, nous avons beaucoup apprécié Ar Jao Du - Rond 2 où, dans la première partie de celui-ci, les spires de la harpe coulent, s’écoulent, s’enroulent, dans une fluidité de jeu remarquablement véloce, s’opposant à une rythmique crépitante et entêtée qui finit par imposer son tempo à l’instrument à cordes celtique qui reprendra sa folle course pour la conclusion de la pièce. Très esthétique moment.
Avec la 6ème pièce, Polsakaille, les trois excellents musiciens viennent ajouter du baroque à l’étendue musicale déjà proposée, en faisant glisser la polska vers la passacaille (on trouve aussi le nom italien passacaglia ou passagaglia), un genre musical pratiqué aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Sur ces paroles d’un traditionnel narrant un itératif décrescendo financier, les 3 artistes apparaissent, alors, au-delà de leurs interventions instrumentales, en chanteurs et le font, de plus, fort bien. C’est enlevé, plaisant et, à souhait, dansant… et, peut-être en miroir à l’époque que nous vivons ?
Pour notre part, nous ne sommes pas certains que cette interprétation vocale, apparaissant plus simpliste et plus traditionnelle, s’accorde bien avec l’aspect pleinement instrumental assez sophistiqué de l’entière autre partie du programme.
Nous trouvons que cette pièce chantée créé une rupture avec l’ambiance qui s'était bien installée au cours des 4 premiers titres.
Grâce aux possibilités de sélection des plages, nous avons pratiqué l’éviction de ce titre et avons constaté qu’à l’écoute continue du compact disque, ainsi dépourvue de ce passage, l’expression artistique globale s’en trouvait valorisée, parce que plus homogène. Mais ce n’est que notre avis, à vous de vous forger le vôtre en la matière.
Quant à Dañs, le morceau éponyme et le plus étendu, puisque durant près de 8 minutes, il conclut, plus qu’à merveille cet album, vraiment, très réussi.
A cet instant tout est virevoltant et puissant. La harpe se déchaîne, improvise, la basse pioche, soliloque, la batterie sautille, explose, s’africanise. Le rythme, clef de voûte du disque est infernal ! Ça transe, ça swingue, ça rock, ça blues et ça se termine… déjà ?
On en redemande. Quel grandiose bouquet, malheureusement… final !
Fort bien enregistré, mixé et masterisé par le talent de Pascal LAMOUR du studio BNC, c’est, sans aucun doute, un disque à vous procurer, que vous soyez danseur et/ou mélomane.
C’est une très belle pierre à l’édifice enraciné mais actuel de la sonothèque et de la scène bretonne d’aujourd’hui.
Nous avons passé d’excellents moments, à chaque fois, nouveaux, à l’écoute de Dañs du Tristan LE GOVIC Trio. Nous sommes certains qu’il en sera de même, pour vous et que vous apprécierez, magnifiquement et efficacement entouré, cette figure majeure de la harpe celtique moderne qu’est Tristan LE GOVIC.
Dañs, une valeur sure pour l’enrichissement de votre discothèque celtique.